21.05.2008 – Tribune de Geneve – Ballon de l’Euro: un flop facturé à 360 000 francs?

Déchirée par le vent, la baudruche a été renvoyée en Angleterre. Son avenir est incertain, tout comme le coût de sa réparation. Mark Muller voit rouge.

La grande «prouesse technique inédite» consistant à placer un ballon gonflable au-dessus du Jet d’eau serait-elle un flop? En tout cas l’action de communication, lancée par le Département des constructions et des technologies de l’information (DCTI) et Genève Tourisme afin d’unir les «symboles respectifs de la Cité de Calvin et de l’Euro 2008» se dégonfle. Depuis le 24 avril, date de son érection, la sphère est restée à flot seize jours sur vingt-sept en raison du vent. Elle a de plus été renvoyée hier chez son concepteur, en Angleterre, à dix-huit jours du coup d’envoi. Et Mark Muller, patron du DCTI, est en colère. Son enveloppe extérieure ainsi qu’une des deux membranes intérieures se sont déchirées vendredi dernier suite aux rafales dépassant parfois les 50 km/h. Le premier gonflage avait déjà été reporté de trois semaines parce que l’opération requerrait deux jours consécutifs de temps sec.
Flottant à 150 mètres du sol, le ballon doit impérativement être redescendu dès que le vent souffle à 30 km/h. Autant dire que le produit a peu de chance de voltiger davantage dans les airs: selon MétéoSuisse, sur les vingt-sept dernières années, il y a en moyenne dix-sept jours de juin où Eole souffle à plus de 30 km/h. «Et encore, ces mesures se font à dix mètres du sol. A la hauteur du ballon, le vent s’avère plus fort encore», relève Didier Ulrich, météorologue.

Un risque connu et assumé
«Le risque était inhérent à cette première mondiale qui a immédiatement fait le tour de la planète», explique Jean-Pierre Jobin.
Refusant de parler d’échec, le président de Genève Tourisme reconnaît un déficit de communication quant à ce risque, tout en étant persuadé que l’impact de cette opération prouve que le jeu en valait la chandelle: «Le clin d’oeil sur CNN et toutes les grandes chaînes aurait coûté bien plus en publicité.»
Car, il faut le rappeler, la sphère de 15 mètres de diamètre et gonflée à l’hélium vaut 360 000 francs, dont près de la moitié est à la charge du contribuable.
Le ballon a mis hier le cap outre-Manche en vue de sa -réparation. Personne ne sait encore combien cela coûtera, ni quand il projettera à nouveau son ombre sur le Jet d’eau.«Le constructeur a promis de s’en occuper dans les meilleurs délais», précise Laurent Forestier, chargé de communication au DCTI.
Un premier diagnostic sera probablement établi en fin de semaine, ajoute Jean-Pierre Jobin, en espérant que l’entreprise «fera un prix» au canton.
A gauche, René Longet fustige ce «gadget coûteux». Se disant choqué depuis le début, le président du Parti socialiste estime qu’il «aurait mieux valu offrir pour 300 000 francs de ballons équitables aux clubs locaux pour soutenir à la fois le sport sur le terrain et les pays du Sud». L’écologiste Michèle Künzler, qui avait d’abord trouvé l’idée drôle, «un peu moins en apprenant son coût», espère, elle, que ce ne «sera pas le flop total».

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